La formation à la médiation dans les écoles et collèges

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Au sein de l’équipe de Valdocco Formation, Philippe Dacremont intervient depuis de nombreuses années dans écoles et collèges, pour former enfants, adolescents et personnel enseignant à la gestion des conflits.

Aujourd’hui, le harcèlement à l’école touche près d’un enfant sur 10, et plus de 90% des conflits ont une issue positive en médiation.

Insultes, harcèlement et violences sont combattus en apprenant aux élèves à régler leurs conflits de façon rationnelle, sans agressivité, tout en recréant un lien de confiance souvent fragile entre jeunes et adultes.

Le but est aussi préventif : peu d’enfants reviennent plusieurs fois en médiation car ils ont appris à régler eux-mêmes leurs conflits, à définir des règles et des limites pour vivre ensemble.

La force, la fuite ou la soumission sont des réponses inappropriées à un conflit : la médiation et l’apprentissage de la communication non-violente donnent aux enfants et adolescents les moyens d’affronter les conflits en privilégiant le dialogue.

Quels sont les objectifs de la formation des élèves à la médiation ?

D’abord, il s’agit d’habituer les élèves à régler leurs conflits sans violence, dans une démarche rationnelle, qui met à distance les préjugés.

Le médiateur procède à une objectivation des faits en deux temps : chacun exprime son observation personnelle de la réalité, pour essayer d’arriver à une synthèse partagée des points de vue.

Cela oblige les protagonistes à accepter la complexité et la pluralité des points de vue et du ressenti des autres.

Après une écoute réciproque sans jugement ni agressivité, peut alors débuter une recherche commune de solutions, où chacun est respecté, où personne n’est perdant.

L’objectif est aussi de :

  • Lutter contre la pensée exclusivement émotionnelle (commune aux personnes violentes et aux fondamentalistes) : la pensée exclusivement émotionnelle consiste à prendre nos premières impressions comme des certitudes, sans aucune distance ni réflexion. A cause de cela, tout ce qu’on capte (geste, regard, phrase lue ou entendue…) est ressenti comme agressif, entrainant une réaction agressive. D’où, chez certains jeunes, de très nombreuses situations qui dégénèrent en violence, sans aucune raison réelle.
  • Permettre à tout élève harcelé de parler sans crainte, et sans passer pour une « balance », soit à des élèves-médiateurs, soit à un adulte.
  • Diminuer les petites incivilités et le harcèlement, afin de prévenir des violences plus graves, des phénomènes d’escalade ou de règlement de compte.
  • Ajuster les éventuelles sanctions, et le sentiment d’injustice qu’elles peuvent parfois générer. : Ainsi, la confiance des jeunes envers les adultes s’améliore, et cette confiance permet de favoriser les accrochages et la réussite scolaire.

Comment apprenez-vous aux enfants à devenir médiateurs ?

La formation a lieu au collège ou à l’école. Elle concerne d’abord, et c’est là que se trouve la spécificité du Valdocco, tous les élèves, pour leur donner une première approche de la communication non-violente et de la gestion des conflits, au moyen de vidéos ludiques et didactiques et d’une intervention dans la classe.

Les équipes enseignantes proposent ensuite à une vingtaine d’élèves par établissement, une formation de médiateur, en fonction de leur personnalité : maturité, capacité de réflexion, aisance sociale, mixité et parfois implication fréquente dans les conflits…

La formation se poursuit pour les élèves-médiateurs, grâce à des jeux de rôle. Ensuite, ces élèves et un encadrant adulte, sont accompagnés lors de la gestion de vrais conflits.

Avez-vous noté une diminution des conflits dans les établissements scolaires après une formation à la médiation ?

Sur la base des établissements dans lesquels je suis intervenu, on constate que, grâce à la médiation, les conflits deviennent de moins en moins nombreux et de moins en moins violents.

En moyenne en primaire, on peut passer, en peu de temps ,de 2 conflits réglés par la médiation par classe et par semaine, à 1 conflit par classe toutes les 4 semaines.

Quels témoignages de responsables d’établissements avez-vous pu recueillir à la suite de vos interventions ?

Il y a par exemple le témoignage de la directrice de l’école élémentaire Orgemont à Argenteuil:

« Il y avait 2 classes de CE2 qui avaient des rapports très conflictuels et violents. Des bagarres éclataient plusieurs fois par semaine. Les enseignants étaient débordés, ne savaient pas très bien comment prendre les choses.

L’intervention du Valdocco a appris aux enfants à comprendre comment démarre un conflit, et surtout, comment éviter qu’il ne s’envenime. Puis, de jeunes médiateurs sont venus du collège voisin pour aider les enfants à trouver ensemble une solution.

Pour nous, les résultats furent assez spectaculaires : après 4 mois de sensibilisation et de médiation, il n’y avait plus une seule bagarre.

Maintenant, en cas de conflit, les enfants sont prêts à trouver une solution, même sans médiateur. »

Côté collèges, il y a le témoignage du Principal adjoint du collège Lucie Aubrac à Argenteuil :

« Il y a 3 ans, accompagnés par le Valdocco, nous avons mis en place un processus de médiation entre élèves. Dans un premier temps, l’adhésion des personnels éducatifs (professeurs et CPE) était très difficile. Mais la diminution très rapide du nombre d’incidents les a convaincus.

L’intérêt de la médiation, est que les conflits qui trouvent une solution par ce biais ne réapparaissent plus. Ce qui n’est pas le cas des conflits gérés par la sanction ou la punition, qui eux, se répètent à l’extérieur ou reviennent dans l’établissement »

Côté élèves-médiateurs, un collégien ayant suivi notre formation nous a confié :

« Pendant les vacances, je suis retourné au Bled, et j’ai résolu tous les conflits des personnes de mon entourage ! »

Quels sont vos besoins et vos projets ?

Nous avons besoin de plus de moyens, pour diffuser et soutenir une culture de la médiation dans les établissements scolaires des quartiers prioritaires, et pour développer des supports numériques de formation. 

Ces deux leviers nous permettront d’intervenir dans plus d’établissements, de prévenir, voire d’endiguer durablement les problèmes de la violence à l’école, et d’impacter plus largement le climat scolaire.